air

« Rien ne se montre de l’air, si ce n’est les objets qu’il nous laisse voir. Ainsi, le monde est il à nous grâce à l’air, grâce au retrait de l’air. »

Alain Cugno

De la transparence de l’air à celle du cloud

L’analogie entre espace céleste et dématérialisation dans le cloud répond à l’illusion que le ciel, comme l’espace numérique, sont des entités virtuelles.
Or, le réchauffement climatique indique que le ciel est un commun délaissé, pendant que le cloud est en passe de devenir une extension artificielle de l’être humain. Ces deux entités n’ont rien de virtuel.

Le vocabulaire et les symboles utilisés par l’économie digitale empruntent à l’air ses qualités. Ils entretiennent l’idée que la transparence de l’air sur laquelle reposent les nuages, est du même ordre que l’invisibilité des structures qui donnent accès aux services du web. Cette similarité est avancée comme preuve que notre ignorance des opérations sous-jacentes qui s’exécutent dans le nuages témoigne du fonctionnement optimal du système. Car, si nous accédons et partageons de la donnée de façon intuitive et même à notre insu, alors la vie en ligne se confond sans heurts avec notre ligne de vie.
Notre contribution au cloud est d’autant plus efficace qu’elle est rendue « naturelle », simple et indispensable comme l’air que l’on respire.
Certes, l’immatériel des idées, des spiritualités et des rêves qui siègent dans les nuées, partagent avec le cloud des contours flous et une part indiscernable ; mais toute ressemblance pourrait s’arrêter là. La dépendance des réseaux envers les ressources de la biosphère est avérée. Du fond des océans où circulent les câbles intercontinentaux, aux limites de l’exosphère où croisent les satellites, jusqu’à l’espace intime de nos vies privées, l’industrie du clic exploite toutes les strates de l’enveloppe terrestre, pour alimenter le puits sans fond de la mémoire du Cloud.

nuages

C’est l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) qui définit la nomenclature officielle des nuages.
Cet organe de l’ONU, sous l’appellation anglaise WMO (World Meteorological Organization) publie l’International Clouds Atlas, traduit en français sous le titre Atlas international des nuages Manuel de l’observation des nuages et des autres météores.

Cet ouvrage de référence, explique la classification des nuages et peut être consulté sous la forme d’un site internet régulièrement mis à jour.

On classe les nuages par Genre, Espèce, Variété…

Les nuages s’identifient par leur forme et grâce aux différents phénomènes lumineux qui les traversent. Ils se reconnaissent également en fonction de leur altitude.

Liens vers l’Atlas international des nuages :

Genre
Espèce
Variété
Particularités supplémentaires
Nuages annexes

Les nuages

Un nuage c’est de l’air, de l’eau, de l’énergie, mais aussi des aérosols (poussières, particules solides, liquides gazeuses et micro organismes).

« Un nuage est un hydrométéore consistant en une suspension dans l’atmosphère de minuscules particules d’eau liquide ou de glace, ou des deux à la fois, et ne touchant généralement pas le sol. »
(Atlas international des nuages, description des nuages).

La connaissance des nuages a évolué graduellement.
D’abord par l’intérêt de quelques esprits curieux, qui partagèrent leurs observations avec des peintres et des poètes. Ensuite vinrent les photographes, puis les campagnes photographiques qui collectèrent une masse de photographies du ciel au même moment, en France, puis dans le monde au cours de la « Semaine internationale des nuages » (du 24 au 30 septembre 1923).
Progressivement dotée d’un réseau d’observatoires pour le partage international de données climatiques, la météorologie est devenue l’une des premières sciences participatives. Les télécommunications ont favorisé l’essor ce ce réseau qui parvint à détecter non plus les nuages comme des objets isolés, mais comme appartenant à des systèmes entiers. L’aviation, puis la vision par satellites ont ensuite étendu l’emprise de la météorologie avec des données globales en temps réel continu. Le principe des campagnes photographiques terrestres a cependant retrouvé une actualité, grâce au partage d’images sur internet. Des initiatives privées, comme la Cloud Appreciation Society, réussissent à se faire entendre auprès de l’Organisation météorologique mondiale, en réunissant des images du ciel parvenant du monde entier, grâce aux réseaux sociaux et aux progrès de la photographie numérique. La connaissance des nuages s’étend donc aujourd’hui grâce au Cloud, cet espace dont les limites sont tout aussi indéfinies que celles du ciel lui-même.



hautes définitions

Forêt de nuage

La forêt de nuage est un type de forêt humide que l’on trouve généralement en milieu tropical de montagne, entre 1 000 et 3 000 mètres d’altitude et que l’on nomme aussi forêt nébuleuse, forêt orophile, forêt de nuages, nebelwald ou forêt brumeuse.


Hypoxie

Avec l’altitude, la pression barométrique diminue et la quantité d’oxygène disponible est de plus en plus basse. Le corps se retrouve donc exposé à un manque d’oxygène que l’on appelle l’hypoxie. C’est à partir de 1500-2000 mètres que ces changements commencent à avoir des effets sur le corps surtout à l’exercice.

Altitude | Université Grenoble Alpes


Évapotranspiration

L’évapotranspiration (ET) décrit le transport de l’eau depuis la surface vers l’atmosphère, soit la somme de l’évaporation directe de l’eau du sol et la transpiration par les plantes.

Mis à part les précipitations, l’évapotranspiration est un des termes les plus significatifs du cycle de l’eau.
Ce processus est un des principaux consommateurs d’énergie solaire.

http://eduterre.ens-lyon.fr/ressources/scenarioeau/pagesscenarioeau/levapotranspiration

L’évapotranspiration naît de deux réactions différentes, le phénomène physique d’évaporation d’une part, et la transpiration des plantes de l’autre.
En France, 440 milliards de m3 de pluie tombent chaque année, soit de quoi remplir 176 millions de piscines olympiques de 2m de profondeur. De toute cette eau, à peine 15% vont en réalité ruisseler au sol, car la plus grande partie s’évapore avant même de s’écouler. 

https://www.ecovegetal.com/evapotranspiration-definition/


Paréidolies

Phénomène psychologique survenant sous l’effet de stimuli visuels ou auditifs, portant à reconnaître des formes familières dans un paysage, un nuage, une tache d’encre, etc.
Ce terme est souvent utilisé pour décrire des illusions d’optique renvoyant à une imagerie fantasmagorique, à laquelle se prêtent bien les nuages. Elles peuvent aussi se produire au son d’une voix, d’un bruit, de paroles prononcées dans une chanson ou dans une langue qu’on ne comprend pas. 

Rivières dans le ciel

Les rivières atmosphériques sont d’étroits couloirs d’humidité concentrée en suspension dans l’atmosphère, qui peuvent contenir jusqu’à 15 fois plus d’eau que la quantité qui s’écoule dans un fleuve géant comme le Mississippi, par exemple.
Ces panaches d’humidité en suspension, qui peuvent s’étendre sur 400 à 600 km de large ont été associés aux plus grandes inondations et phénomènes météorologiques extrêmes que l’on ait connu dans le monde ces dernières années.
Lorsqu’ils rencontrent une barrière telle qu’une chaîne de montagnes, ces étroits couloirs d’humidité concentrée peuvent rapidement provoquer des inondations libérant de grandes quantités d’eau en un court laps de temps.

Rasputiza

La raspoutitsa (en russe : распу́тица, littéralement « saison des mauvaises routes ») désigne, en Russie, Ukraine et Biélorussie, les périodes de l’année durant lesquelles, du fait de la fonte des neiges au printemps ou des pluies d’automne, une grande partie des terrains plats se transforment en mer de boue sous l’action de l’eau. Le phénomène affecte particulièrement les routes lorsqu’elles ne sont pas asphaltées.

psychométéores

Pégase terrassée par la comète
La comète terrassant Pégase (1665 Gallica)

Un psychométéore est un météore qui peut ne pas avoir existé ou dont l’existence fait l’objet d’interprétations comme des récits apocryphes, mystiques, politiques, des œuvres d’art…

Pégase

Pegasus.
Photographie de Sarah Rydgren Pegasus | Flickr.

Enfant de Poséidon et de de la Gorgone Méduse, Pégase se met au service de Zeus, qui le charge d’apporter les éclairs et le tonnerre sur l’Olympe. Après de nombreuse péripéties, le Dieu des dieux finit par le transformer en constellation et le place dans le ciel.


La Tapisserie de Bayeux (détail montrant le passage de la comète en 1066)

Le passage de la comète de Halley en avril 1066 est utilisé par Guillaume le Conquérant comme un moyen pour légitimer son accession au trône d’Angleterre. La tapisserie de Bayeux la présente comme une désapprobation divine du couronnement de Harold, car Harold avait promis le trône à Guillaume.


La comète de l’an 1007 représentée dans le Livre des Miracles, manuscrit allemand du XVIe siècle relatant des phénomènes surnaturels mêlant histoires bibliques, folklore et visions apocalyptiques.

Le Livre des Miracles d’Augsbourg 
(Joshua P. WatermanTill-Holger Borchert, 2017)
Tintin, le temple du Soleil
Tintin, Le Temple du Soleil, Hergé.

Animaux déguisés s’enfuyant devant un nuage (Japon, non-daté).
Soga Nichokuan, “Dragon”, début du XVIIe siècle.
© The Cleveland Museum of Art

Ascension
chapelle du duc de Mantoue, Andrea Mantegna 1463
citée par Hubert Damish
dans Théorie du nuage. Pour une histoire de la peinture.

Nouvelle classification des nuages : suivie d’instructions pour servir à l’observation des nuages et des courants atmosphériques, par André Poëy 1872.

Fondateur de l’observatoire physico-météorologique de La Havane, André Poëy édita un Nouvelle Classification des nuages, inspirée de Luke Howard et qu’il augmente de caractéristiques que l’on peut considérer comme des pareidolies (propention de l’esprit à reconnaitre des motifs figuratifs dans des formes) ainsi, ses nuages en forme de groseille ou ses nuages montagneux.


Aux frontières de l’étrange, les pluies de grenouilles, de poissons ou de sang dont un scientifique témoigne pour leur apporter des explications scientifiques à l’usage des jeunes générations : Odd Showers (consulter…)

Averses étranges (livre scientifique XIXe siècle))


Ovnis, objets volants non identifiés.

https://cdn.futura-sciences.com/buildsv6/images/largeoriginal/4/9/0/4902f84c04_50178466_ovni-pan-extraterrestres.jpg
© Futura-Science


Le cube de nuages de l’artiste Thomas Lanfranchi est un nuage cubique fabriqué par la pensée. Cette performance a été réalisée au cours de plusieurs périodes et dans plusieurs pays. Elle a été actualisée à Guéret du 1er avril au 30 avril 2020.

Thomas Lanfranchi est un artiste créant des formes portées par le vent et parfois par l’esprit. Voir Cube de nuages.


Nuage de mots sur le « cloud numérique »

Nuage de points en mathématique

…et si d’aventure vous cherchez toujours à comprendre pourquoi les nuages sont à eux seuls des psychométéores, puisqu’ils nous invitent à la rêverie, voici cette Ode aux nuages de l’écrivain blogueur Patrick Corneau, dont l’amorce est « Je n’aime pas le ciel bleu ».

atmosphère

Altitude :

Les couches de l'atmosphère terrestre

L’atmosphère

Définition(s) de l’atmosphère

1. Couche gazeuse qui entoure le globe terrestre, un astre.
2. Partie de l’atmosphère terrestre la plus proche du sol où apparaissent les nuages, la pluie, la neige.
3. Par métonymie, l’atmosphère désigne l’air que nous respirons.
4. Au sens figuré : ambiance.

L’atmosphère terrestre devient de plus en plus ténue jusqu’à s’évanouir dans l’espace. Il est donc difficile de lui donner une limite précise. Cependant, à partir de l’observation des variations en densité des gaz terrestres, on peut établir que l’épaisseur de l’atmosphère varie entre 350 et 800 km (selon l’activité solaire). Son épaisseur moyenne étant d’environ 600 km. Cette limite correspond à la frontière entre thermosphère et exosphère.

La littérature scientifique fait mention d’autres définitions de la limite de l’atmosphère terrestre, selon différents paramètres.

Par exemple 
1500-2000 mètres : altitude à laquelle le corps commence à être exposé à un manque d’oxygène que l’on nomme l’hypoxie ;

31 km : altitude en dessous de laquelle se trouve 99 % de la masse de l’atmosphère ;

80 km : base de l’ionosphère, qui s’élève selon plusieurs couches au-delà de 1000 km.
La température y croit fortement sous l’effet de l’électricité générée par l’ionisation des composants atmosphériques. La ionosphère a été révélée par les premières transmissions radio, car cette couche atmosphérique agissant comme un miroir à très haute altitude renvoie les ondes radio vers la terre, permettant ainsi les transmissions intercontinentales ;

100 km : la ligne de Kármán est considérée comme la frontière entre l’atmosphère et l’espace, par la Fédération aéronautique internationale ;

120 km : limite où les effets atmosphériques deviennent notables durant la rentrée atmosphérique de tout objet solide ;

1 000 km : limite à partir de laquelle la densité des gaz n’est plus distinguable de celle provenant des vents solaires ;

Entre 750 et 50 000 km : limite de l’exosphère, la couche externe de l’atmosphère. Les molécules les plus légères échappent à la pesanteur et sont attirées vers l’espace intersidéral ;

La limite externe de l’atmosphère correspond à la distance où les molécules de gaz atmosphérique ne subissent presque plus ni l’attraction terrestre, ni les interactions de son champ magnétique. Ces conditions varient avec la latitude – environ 50-60 km au-dessus de l’équateur, et 20-30 km au-dessus des pôles. Ces valeurs ne sont toutefois qu’indicatives car le champ magnétique terrestre est continuellement déformé par le vent solaire. L’épaisseur de l’atmosphère varie donc notablement.

Marées atmosphériques
Comme l’eau des océans, l’atmosphère subit l’influence de la rotation du système Terre-Lune et les interférences gravitationnelles de la Lune et du Soleil. Comme les molécules de gaz, plus légères et moins liées entre elles que les molécules de l’eau de mer, ont de grandes possibilités de mouvement, les marées atmosphériques sont des phénomènes beaucoup plus considérables que les marées océaniques.

Vent solaire
Tempêtes solaires, orages magnétiques, ionosphère, ondes radio, satellites, aurores boréales et australes.
Consulter la page sur ce site…


Liens

Une définition de l’atmosphère sur le site de Météo France

Précisions sur les enveloppes fluides de la Terre dont la partie inférieure de l’atmosphère sur Encyclopædia Universalis

vendredi 31, 6 h, 3°

Deux merles sur deux antennes TV chantent, deux territoires, cinq maisons entre les deux…
Un choucas remplace le merle de droite.
Au passage de la porte d’entrée chat coquille/écaille me frôle en miaulant, pacifique bouton d’or.
8 h 25. M’assois à l’angle de la rue de la Grave dans un petit champ pentu qui domine la ville, bas sur l’horizon nuage/tête de chien, croque ciel.
L’ampoule solaire est cassée.
Dans l’herbe, pâquerettes et pissenlits ont fait place aux marguerites et boutons d’or. 
Un brin d’aubépine passe.
Penser la non pensée, penser l’aubépine, laisser passer l’aubépine, interroger le bas du champ humide, 
il devient bouton d’or…
Croque en jambe du réel, le petit papillon blanc aux ailes orange vif me darde l’esprit.
L’aurore (c’est son nom), son corps est malingre comme le mien.
9 h. Cours de Luze Bordeaux, la Stornia Zébulonne dessinée sur le mur de béton de notre chambre, me chuchote à l’oreille :
– C’est doux comme du riz au lait, humide comme un jeune nuage de vieux velours beige, comme les ailes du bombyx du chêne, celui que tu avais épinglé sous le portrait de Gilbert (mon papa) dans les Landes.
– Au poil comme une pétanque en forêt, jazzeux et babilleur comme une fauvette dans un lierre !

– Au fait, tu sais quoi ?
Le choucas à un chant mauve.

Thomas Lanfranchi
Cube de nuages
, Guéret

un projet soutenu par le réseau ASTRE
arts plastiques & visuels en Nouvelle-Aquitaine

jeudi 29, 5 h 45, 2°

Pluie, mal dormi, lové comme un reptile, le corps comme un marécage.
Au réveil, suis raide et froid, pisse dru comme un saurien (petit).
Ferme intention de nuage.
Peut être ai-je trop pris de nuages en moi, trop de vaste et d’infini dans mon corps limité.
Quelles sympathies communes trouver entre l’organe et le gazeux, le fini et l’impalpable.
Phacélies ouvertes la nuit, sur la table de nuit de ma chambre.
Bleu ciel…
9 h. Jardin de l’hôtel de région. En feuilles depuis peu, le grand hêtre pourpre emplit l’espace entre le ciel et la rue.
Assis sur un banc près de lui, je m’avance pour le toucher.
Son tronc d’un gris aérien et lisse est plissé comme une peau de pachyderme. Le fût s’élève d’un bloc dans une ramure ajourée et accueillante.
Au levant de sa cime, plusieurs nids de choucas qui passent d’explosions joyeuses et sarabandes à de courts temps de grand calme ponctués d’un appel/écho sur les façades de granite.
Un pigeon blanc se pose.
Lui, habite le chien assis dépenaillé d’un toit en ardoise à droite du grand hêtre.
Déjeuner assis au soleil, riz, pommes reinettes, sardines à la tomate, en compagnie de Réo, camembert tellurique au lait cru de Normandie, que je partage avec une corneille du parking.
Va-et-vient incessant au nid.
Courte sieste de sky rouge à la Quincaillerie/tiers lieux.
Fini Le bal des maudits/The young lions. Sur la jaquette du livre, magnétique Marlon Brando en tenue d’officier de la Wehrmacht.
Le soir, près de Braconne carré/base réalisé au pied d’un érable qui s’avère être un liquidambar.
Ciel mélangé, rapide et serein en haute altitude.
Trois oiseaux de belle envergure filent entre les nuages.
Si le corbeau est le fils du ptérodactyle, la corneille sa cousine germaine et le pigeon blanc le page du château, les feuilles du grand hêtre sont du sang de choucas.

Thomas Lanfranchi
Cube de nuages
, Guéret

un projet soutenu par le réseau ASTRE
arts plastiques & visuels en Nouvelle-Aquitaine

mercredi 28, 6 h 45, 1°

Ciel inerte, dégagé à l’est.
À leur arriver, les trompes de bronzes retentirent d’un son unanime, rond et puissant.
Le char couvert de branches de prunelliers en fleurs, tiré par quatre chevaux alezans à la crinière tressée, dut se frayer un passage dans la foule bigarrée amassée au bas de la colline.
Le son strident des cornemuses et des guerriers en armes accompagnait la procession.
Au sommet de l’édifice, robes amples et claires, barbes batailleuses, plusieurs prêtres entamèrent une longue mélopée face au levant…
Déjà des serviteurs s’emparaient des chevaux pour les sacrifier.
La foule était silencieuse.
Dans un tintement de clochette et le jeu d’épaisses fumées de parfums, ils descendirent un corps du char pour l’amener à sa dernière demeure.
Dans les forêts de hêtre des environs, d’un même vol, les choucas prirent le ciel d’assaut.

10 h. Quincaillerie/tiers-lieux, finis le dessin de choucas Christ/kraft, avec en tête un visage de femme en noir et blanc découpé dans un magasine.
Le noir et blanc sied à l’Abisse.
Achète des gants roses, taille M en latex, souples et labiles pour mes lessives.
J’ai maintenant des mains d’oiseaux de paradis, de dinosaures à plumes.
Le soir, sur la colline de Braconne, m’assois avec Sylvain dans le soleil couchant.
Choucas glaneurs et corneilles promeneuses.
Nuages variqueux à l’ouest, délayés comme du sucre glace dans un grand verre d’eau agité, au centre.
Grand verre, dissolveur de nuages.

Thomas Lanfranchi
Cube de nuages
, Guéret

un projet soutenu par le réseau ASTRE
arts plastiques & visuels en Nouvelle-Aquitaine

mardi 27, 7 h, 8°

Fenêtre largement ouverte sur les guetteurs matinaux des vaisseaux de nuit échoués.
Dans la chorale de l’aube, jabots lie de vin et favoris blancs, palombes sourdes, choucas, frais comme une fontaine, pies de serrures bicolores (plusieurs fois), nombreux moineaux éparpillés, friquet comme les blés…
Free-jazz de la haie, de rues en jardins, cacophonie savante et visionnaire, saxophone enrayé d’Albert AyIer, piano aveugle, éternuement envolés des caisses claires, guitares sauteuses comme un pois du Mexique (concert à Saint-Paul-de-Vence 1970).
Tourterelles cache-cœur et pinsons altos, valent mieux que de fervents théorèmes, schéma ou diagramme éteint d’un ciel dont on a oublié la voix.
La langue des oiseaux est certainement la traduction la plus inspirée de la voix des nuages, la cassette audible du chant galactique.
10 h. À noter : les toilettes de la cité administrative de Guéret à l’entrée/gauche du commissariat sont toujours ouvertes, le gardien de la loge d’entrée est fort sympathique.
Jardin séculaire de l’hôtel du département, un vénérable hêtre pourpre abrite une bruyante colonie de Choucas.
Fin d’après-midi, un enfant perd un cornet de frites sur le parking de la médiathèque, impitoyablement pourchassé par les corneilles d’un nid voisin. Becquées de parallélépipèdes pour oisillons gavés de nuages.
Le soir, lac de Courtille, rendez-vous avec les artistes Gaya, Nicolas, Jean et Sylvain.
Nous choisissons une berge plate, plein ouest, proche de plusieurs chênes pubescents.
Vent faible, carré/base rapidement en place, chacun (e) s’assoit au mieux, pluie fine, parfums de sève et de bois vert.
L’herbe du pré clôt ses antennes/pâquerettes.
Puissantes cheminées ascendantes et trouées nuageuses à moyenne altitude, projections concrètes de lumières sur le lac.

– Il leva les yeux, a vingt mètres au-dessus de lui à l’issue de son long vol plané, le Spitfire ronflait à nouveau dans le ciel. Il voyait clairement les trois couleurs de ses cocardes et l’éclat argenté des pièces métalliques de son gouvernail.
L’avion reprit instantanément de la hauteur au-dessus de la mer et en un moment ne fut plus qu’une silhouette gracieuse. Pas plus grande qu’une mouette qui grimpait vers le soleil grimpait dans le ciel vert et pourpre de cette surprenante journée printanière…
Christian Diestl rangea son Luger dans son étui.

Où sont les poissons ?
Premières feuilles de chêne.
Voix de chat, jaune/flûte du loriot.
Belles nuances de vert et douceur enveloppante des arbres.
Les feuilles sont les poissons du ciel.

Thomas Lanfranchi
Cube de nuages
, Guéret

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lundi 27 avril, 6 h 15, 8°

Ciel encore épars pommelé de gris, peu épais, il laisse voir la trame qui le compose.
À contre-jour, dans la pénombre de l’aube, j’ai cru tout d’abord que c’était une protubérance de pierre. J’ai dû mettre mes lunettes pour mieux l’observer…
Posé sur le granit gris du contrevent de la fenêtre de ma chambre, dans une livrée grise mouchetée de blanc, antennes/rémiges dépliées, un papillon de nuit.
Duveteux, le bas de son abdomen a pris le rose de l’aurore. Animées par étapes d’élans vibratiles, ses ailes inférieures entrouvertes laissent voir de fines parenthèses concentriques noires.
Pris dans mon élan après le petit déjeuner, je commence à partir vers le jardin des communs et bifurque rue de la Grave en direction des hauteurs du quartier.
Au lieu dit, la Châtaigneraie vue sur l’ubac de la ville. Je décide d’aller m’asseoir sur le coteau d’en face, dans le champ de colza qui surplombe la fin du chemin des amoureux.
Dans le champ par facilité, je suis des ornières de tracteur et m’immerge dans le jaune.
En livrée blanc/crème, légèrement acide avec un bel ocelle noir en milieu d’ailes, plusieurs piérides volent de fleur en fleur.
Lorsque je ferme les yeux, le jaune puissant révélé par la lumière fait apparaitre un spectre mauve, accentué par la ligne de crête bordée de sapins noirs au bord du ciel.
Reste assis un grand moment bercé par l’odeur de sucre/végétal et le chant des abeilles. Émerge du champ couvert de pollen salué par une fauvette.
À la Quincaillerie, finis un dessin de tête de merle en coin d’enveloppe qui crache la bulle/ectoplasme d’un papillon/voix en plastique bleu.
14 h pars à la médiathèque, pour prendre quelques renseignements sur le papillon du matin.
C’est un sphinx du liseron.
Le soir, à la surface de mon bol de thé, un visage sombre se pose et me regarde.
Je souffle légèrement dessus pour lui rendre l’énergie vibratoire du sphinx.
Plein ouest en arrière de ma conscience, dans l’herbe du soir un grand papillon/voix se pose.

Thomas Lanfranchi
Cube de nuages
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